Toute compréhension suppose une mise en relation. La littérature, en ce qu’elle est avec constance citation, réécriture, réappropriation, ingurgitation-régurgitation, détournement, démarcage d’œuvres antérieures, appelle le tissage. Vaste palimpseste, elle invite à « ouvrir le texte, au lieu de le clore sur lui-même, en le saisissant à travers un lacis de correspondances multiples ». C’est tout le sens qu’il faut accorder à la lecture en réseaux. Le pluriel a son importance : d’une lecture à l’autre, d’un moment à l’autre, d’un lecteur à l’autre, ce sont des ponts différents qui peuvent se construire entre l’œuvre lue et les œuvres engrangées dans la mémoire culturelle. Le rôle du maître est d’offrir les conditions pour que cette mémoire, singulière et collective, s’organise en cases où se rassemblent des histoires présentant des points communs (cette histoire me fait penser à telle autre parce que…), cases au contenu évolutif, cases perméables dans la mesure où une même histoire peut migrer d’une case à l’autre, au gré des rencontres et des éclairages variés portés sur elle. Dans la classe, les histoires sont appelées à avoir plusieurs vies et à contracter plusieurs mariages, mariages arrangés par le maître, mariages d’amour aussi, imprévisibles." Catherine Tauveron
Le choix du corpus présenté dans cet article est délibéré : travailler sur des albums qui posent question. C’est-à-dire qui vont susciter des débats en classe. Les albums suivants portent sur le thème de la différence et permettent d’engager une réflexion avec les élèves. Et ce, que la différence emprunte le visage de l’abandon, du racisme, de l’exclusion, de la quête de l’identité ou du handicap.